Le calme mental est la première des techniques de méditation bouddhiste en vue de l'enseignement de cette philosophie. Préparer son esprit est important. A quoi sert-elle ? Comment l'utiliser au quotidien ? Que peut-on en attendre ? Eclairage et bien sur protocole pour essayer vous-même.

On parle souvent sur ce site comme ailleurs de méditation, et je m’en réjouis, car s’il y a bien un outil universel et bon pour tous, c’est bien celui-ci. Les druides la pratiquaient déjà il y a 4000 ans, les aborigènes d’Australie comme les marabouts d’Afrique l’ont inclut dans leur tradition, les shamans de tout bord également, mais nos moines chrétiens n’en sont pas en reste non plus avec leur centaines d’heures de prières silencieuses. Tout ce qui a attrait à l’existentiel, au spirituel ou au bien-être passe par la méditation. Celle-ci n’est rattachée à aucune religion en particulier et porte pour l’humain une universalité indéniable, mais à quoi sert-elle exactement ?
De toutes les méditations existentes, la bouddhiste est peut-être la plus lisible et facile à pratiquer. Pour comprendre sa fonction dans ce cursus spirituel, il faut comprendre l’ensemble de la stratégie d’apprentissage du bouddhisme. Elle peut ici se résumer à n’atteindre que la condition mentale nécessaire à la compréhension de l’enseignement.
Les bouddhistes peuvent, d’une certaine manière, être assimilés à des scientifiques de la spiritualité et de la philosophie. Point de miracle ou de messie, ni même de Dieux, l’enseignement et le même pour tous et mène au même endroit pour chacun. Les innombrables maîtres bouddhistes ont tous pratiqué ce même chemin et en sont ressortis avec des “Vérités” sur l’existence applicables à chacun de nous. Selon eux, nous vivons dans un monde d’illusions. Non pas que ce que nous touchons, goûtons ou entendons soit une hallucination, mais la manière dont nous vivons ces expériences est illusoire. Nous nous trompons simplement sur ce que nous vivons et les maîtres bouddhistes ont traversé le miroir pour découvrir les vérités qui nous sont cachées, ou plus exactement, que nous nous cachons à nous-même.
Ils ont composé leur apprentissage autour de ces grandes vérités, qu’on appelle le Dharma (voulant dire enseignement). Chacune d’elles est une vérité telle qu’elle reconfigure l’ensemble de nos interprétations profondes, nous faisant à chaque fois progresser sur la voie qui mène à la libération de l’Ego, cet « esprit » que nous avons créé et qui prend notre place aux commandes de notre vie. L’Ego est imparfait, souffre beaucoup du manque, du désir, du changement, de l’attente. L’Ego interprète mal les choses et voit la tristesse partout autour de lui. Il connaît aussi le bonheur, mais celui-ci ne dure jamais, rongé par les peurs de l’Ego. L’Ego est, qui nous sommes actuellement. Celui qui dit « je » quand je parle. Et notre nature profonde est masquée derrière lui.
Chacun peut donc faire l’expérience de ces vérités par la pratique de l’enseignement. Un moine qui maîtrise les vérités du Dharma est un maître en puissance que rien n’ébranle jamais. Il découvre alors le sens profond des choses et de l’existence et vie la joie au quotidien. Voilà ce que recherchent tous les bouddhistes dans leur pratique.
À quoi sert la méditation dans ce cadre ? Par sa pratique régulière, le pratiquant prépare son esprit à accueillir l’enseignement. Notre esprit est naturellement perturbé par l’environnement, mais aussi sa nature d’ego, de fausse conscience. C’est l’objet de la psychologie et de ses pratiques thérapeutiques. Nous avons besoin de l’apaiser pour accéder un jour à la compréhension des vérités que le bouddhisme veut nous révéler.
La première pratique de la médiation s’appelle donc le « calme mental ». Son but est justement d’apaiser notre esprit et de le discipliner à suivre notre volonté. On travaille alors sur la visualisation de quelque chose et tentons de stabiliser son image sans que l’esprit n’essaie de nous en détourner. Les bénéfices immédiats sont très importants. Notre esprit gagne en concentration, évite les envahissements d’émotions, devient plus éclairé et apporte un apaisement immédiat. Ce calme mental si précieux pour chacun de nous peut s’acquérir complètement en 6 mois de pratique régulière, mais les premiers effets seront constatables immédiatement
Ce calme mental est donc la condition essentielle pour méditer sur le sens secret du Dharma. Pour exemple, l’impermanence est un savoir difficile à acquérir. Tout est mouvement, rien ne se fixe jamais. Ainsi, chaque chose qui a un début a déjà dans son essence le milieu et la fin. Le symbole de l’impermanence est traditionnellement la fleur qui germe, fleurit et fane. C’est pour cette raison qu’on les place souvent sur les autels bouddhistes afin de rappeler aux pratiquants l’importance de la vie et son éphémérité. L’impermanence est un concept essentiel à maitriser car il annihile alors les souffrances liées à l’attente et au changement, qui sont tout deux des sources très fortes de perturbation dans nos vies quotidiennes.
Pratiquer le calme mental : technique bouddhiste
Principe
La méditation du calme mental se pratique régulièrement et permet d’apaiser son esprit. Ce travail nous permet également d’améliorer notre concentration, tout comme notre distance sur les évènements qui habituellement nous touche. Il nettoie les Kleshas, ces pensées perturbatrices qui affectent notre quotidien et assainit de manière générale nos pensées. On peut associer cette méditation à une démarche d’hygiène mentale.
Protocole
- Prenez position en tailleur, en surélevant votre bassin grâce à des coussins fermes. Vos jambes doivent être croisées et plus basses que votre bassin.
- Placez le dos de votre main droite sur le plat de votre main gauche au niveau de votre bas-ventre. Faites que vos deux pouces se touchent pour former un triangle.
- Votre colonne vertébrale doit être la plus droite possible.
- La position de vos yeux va être importante : vous devez garder les yeux entrouverts légèrement et essayer de regarder les arêtes de votre nez fixement. Ça vous fera loucher un peu, mais rassurez-vous, un coup de vent ne vous laissera pas un strabisme à vie. Vous ne craignez rien.
- À présent, le but du jeu est de réussir un fixer une image dans votre esprit. Les bouddhistes choisissent des images de bouddha, mais vous pouvez choisir une autre image de votre choix pour cet exercice.
- Pratiquez ainsi la méditation, en tachant simplement de visualiser cette image, pendant 5 à 40 minutes, selon votre confort.
À savoir
Votre esprit est comme un enfant turbulent. Vous devrez déployer des trésors de patience pour le ramener au sujet de votre méditation à chaque fois que celui-ci s’enfuira vers des pensées plus attrayantes. Vos soucis, votre passé, votre avenir, les sujets qui vont traverser votre esprit seront nombreux et tous légitimes. Soyez fort, laissez-les passer simplement et revenez vers l’image que vous tentez de fixer dans votre esprit. Vous ne réussirez pas la première fois, ni les fois suivantes, mais peu importe, car chaque essai disciplinera davantage votre esprit. Ne soyez pas frustré, l’exercice n’a pas besoin d’être réussi pour porter ses fruits.
Le seul but de la méditation sur lequel vous devez vous concentrer est simplement d’améliorer la qualité de l’image que vous fixez. Soyez patient, le chemin est long, mais très agréable.
Les vertus de la méditation
Même si vous avez l’impression de n’avoir pas réussi l’exercice, les effets seront tout de même là. Vous vous sentirez détendu, relaxé. Votre esprit sera clair, limpide, apaisé. Et ces effets s’amélioreront davantage à chaque pratique.
Voilà donc la méditation bouddhiste, la plus grande école qu’un peuple très spirituel ait pu fonder. Clarifiez votre esprit et vous verrez vos peurs, votre stress ou votre anxiété fondre progressivement comme neige au soleil.
N’hésitez pas à donner votre avis ou vos retours dans les commentaires.
Source
Enseignement du calme mental (version plus complète tenant compte de toutes les résistances que vous rencontrerez dans votre pratique)
Le tableau de l’évolution du pratiquant dans la discipline du calme mental
“Comment pratiquer le bouddhisme”, Sa Sainteté le Dalaï-Lama, 2002, Pocket